Forêt – Puits de carbone et Biodiversité sont à la peine
Le Haut Conseil pour le Climat apporte un éclairage indépendant sur la politique climatique du Gouvernement, notamment sur le niveau de compatibilité des différentes politiques publiques du pays vis-à-vis de l’accord de Paris sur le Climat. Le Haut Conseil d’Etat vient de publier son rapport annuel 2024 TENIR LE CAP DE LA DECARBONATION dans lequel il fait part de ses recommandations et du suivi des politiques publiques sur les secteurs du transport, de l’énergie, de la forêt/agriculture, du bâtiment et de l’industrie.
S’agissant de la Forêt/Agriculture, regroupé sous l’acronyme UTCATF (Utilisation des Terres, Changement d’Affectation des Terres et Foresterie), le Haut Conseil pour le Climat rappel que le puits de carbone s’est fortement réduit entre 2013 et 2017, et qu’au travers de la SNBC (Stratégie Nationale Bas Carbone), celui-ci oscille et demeure fragilisé par le réchauffement climatique. Le Haut Conseil pour le Climat met en lumière que les objectifs sont pour le moment loin d’être atteints, et notamment que les visions stratégique et de gouvernance sont peu lisibles. Notamment, il pointe du doigt l’usage du bois énergie aux dépens du matériau à longue durée de vie comme pratique de gestion forestière durable.
Bilan de l’évolution des émissions de gaz à effet de serre sur le secteur UTCATF :
- Les forêts françaises demeurent le principal contributeur au puits de carbone à hauteur de 95% des absorptions,
- Les terres cultivées et artificialisées demeurent la principale source d’émissions,
- Le changement d’affectation des terres, et notamment les déboisements et les conversions d’une forêt vers une autre utilisation génèrent actuellement plus d’émissions que l’absorption annuelle de carbone des forêts françaises.
La forêt, donc, premier contributeur aux puits de carbone terrestre, est en chute et les principales causes de ce phénomène sont identifiées. Il s’agit à la fois de perturbations naturelles et humaines.
- les perturbations humaines dites « volontaires » : feux de forêts (9 incendies sur 10), artificialisation des sols ou encore le changement d’affectation des forêts ;
- les perturbations humaines dites « involontaires » : intensification des prélèvements liée au bois énergie ou au bois mort, les travaux forestiers ou encore les déboisements excessifs (coupe rase) ;
- les perturbations naturelles résultent directement des effets du réchauffement climatique : mortalité des arbres, diminution de la croissance des arbres.
De ce constat, le renouvellement forestier doit désormais intégrer la vulnérabilité des peuplements pour faciliter leur adaptation/résilience à nos sociétés.
S’agissant des évolutions futures attendues pour le secteur, notre idée est de revenir à des pratiques sylvicoles plus durables en favorisant de nouveau les cycles naturels des arbres. En effet, la pratique de la sylviculture continue et naturelle, déjà exercée par plus de 5% des forestiers, favorise la diversité des essences pour limiter l’arrivée d’agents pathogènes, mais aussi la lutte contre l’incendie en évitant des écosystèmes composés uniquement de résineux. Cette pratique sylvicole est d’autant plus vertueuse car elle abandonne les déboisements excessifs (coupe rase) et donc certains travaux forestiers comme le travail du sol et le dessouchage ; et favorise également le matériau bois français de qualité de même que la sauvegarde de la biodiversité, abondamment présente dans nos forêts.