Forêts Françaises : un avenir lié aux changements climatiques
La forêt : pilier environnemental
En quelques chiffres, la forêt métropolitaine française couvre 31% du territoire, soit une surface forestière de plus de 17 millions d’hectares abritant plus d’une centaine d’essences (espèces d’arbres). Au cours de son histoire, la population a déboisé ou replanté, détruit ou protégé selon ses besoins (changement d’affectations, chauffage, industrie, construction, etc.) et sa conception de la forêt. De toute évidence, la forêt contribue à fournir du bois, mais il s’agit également du principal pilier environnemental du pays car :
- Elle atténue le changement climatique en stockant le carbone dans le bois, d’où la notion de « puits de carbone »
- Elle fournit une ressource durable et une énergie renouvelable avec l’usage du bois comme matériau éco-responsable
- Elle préserve la biodiversité en accueillant une diversité d’essence d’arbres, de nombreuses espèces animales et végétales avec plus ou moins 75% des espèces vivantes
- Elle joue un rôle important dans le cycle de l’eau par la transpiration des arbres (évapotranspiration) et la filtration via le captage d’eau en sous-sol.
- Elle joue son action de purificateur d’air grâce à la photosynthèse, et constitue une barrière naturelle pour protéger des risques climatiques (tempêtes, vents violents, inondations, etc.)
La forêt : crise climatique
Premier constat, le changement climatique a un véritable impact sur la santé des forêts. Depuis plusieurs années, il est observé une mortalité accrue des arbres et notamment des jeunes plants. Les épisodes de chaleurs et de sécheresses très intenses ont conduit à un affaiblissement des arbres. Cet affaiblissement est dû au stress-hydrique lié aux fortes variations de température, mais aussi l’arrivé d’agents pathogènes comme des champignons ou des bactéries qui sévissent sur certaines essences d’arbres. De fait, pour y remédier, les acteurs favorisent le déboisement de ces arbres « malades » pour éviter la propagation, puis replantent. Néanmoins, nous observons que les jeunes plants souffrent des variations climatiques et la régénération du peuplement forestier est loin d’être acquise.
Deuxième constat, l’intensification des feux de forêt au cours de ces dernières années, et pour autant, 9 incendies sur 10 sont d’origines humaines en France. Au-delà de la perte de la ressource, le feu incite une perte nette de séquestration du carbone et même des émissions de CO2 par la combustion, ainsi que la perte irrémédiable d’un écosystème naturel abritant toute une biodiversité végétale et animale.
La forêt : initier les bonnes pratiques et les besoins d’adaptation
La politique forestière relève de l’état qui fixe les orientations pour les forêts publiques et privées en France sur la période 2016-2026. Face aux menaces qui pèsent sur la forêt, il faut désormais concilier la protection de l’environnement, atténuateur climatique, et la ressource bois comme matériau éco-responsable jusque là uniquement valorisée. Le rôle de la forêt dans l’environnement a d’ailleurs conduit à de nombreuses mesures ces dernières années, et notamment :
- le plan France Relance pour opérer le renouvellement forestier
- la création de l’observatoire des forêts françaises regroupant le partage et la production de données indispensables pour le pilotage des forêts du pays
- la stratégie nationale bas carbone (SNBC) pour lutter contre le réchauffement climatique
- le fonds de chaleur porté par l’Ademe pour initier l’utilisation du bois énergie en lieu et place du charbon ou du pétrole comme source de chaleur
- la stratégie nationale biodiversité 2030 qui intègre les enjeux de protection des forêts.
Les acteurs de la filière, premiers concernés, se mobilisent également et ont abouti à une feuille de route commune pour le long terme. Associations, chercheurs, forestiers, institutions, élus, etc. ont ainsi basé leur réflexion sur 4 thématiques :
- Soutenir la recherche pour améliorer la connaissance et recenser les données forestières
- Pérenniser les financements pour reconstituer les forêts les plus propices au réchauffement climatique
- Développer l’innovation et la compétitivité du bois notamment dans les secteurs du bâtiment et de l’industrie
- Expérimenter une nouvelle gouvernance pour pérenniser le dialogue entre tous les acteurs par le biais de territoires pilotes
Ces engagements de gouvernance basés sur des fondements juridiques et des mesures environnementales doivent inciter les propriétaires forestiers publics et privés à converger vers des pratiques plus favorables à la gestion durable des forêts. En pratique, nous soulignons que chaque forêt doit être appréciée au cas par cas, en fonction des essences présentes et de la gouvernance voulue par le gestionnaire. Pour autant, certaines méthodes de sylviculture sont plus durable que d’autres, et intègrent davantage les engagements sociaux et environnementaux que ceux basés sur la rentabilité – et contribuent de fait au maintien de la biodiversité et à la séquestration du carbone sur des cycles courants. Le choix d’une pratique sylvicole universelle, adaptable pour chaque forêt, est ici posée comme un des besoins d’adaptation. D’autres besoins peuvent également être trouvés dans les difficultés d’usage du propriétaire levées dans les règles d’urbanisme attenantes, ou encore dans la confiance renouvelée des acteurs de la filière forêt-bois au détriment des associations qui protègent uniquement le vivant sans se soucier de l’écosystème forestier dans sa globalité.
In fine, le cadre forestier d’adaptation au changement climatique semble se dessiner, mais l’applicabilité d’une gouvernance rassemblant toutes les parties prenantes pour le pays est loin d’être rédigée. Il est donc urgent de concilier les acteurs et les enjeux pour rendre compte du concept général de « gestion durable des forêts ».